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10/14

Stingray

8:30 par Thierry. Filed under: Infos générales

Al et Elmo, deux adolescents en mal de vitesse, font l’acquisition d’une superbe Corvette rouge qui a des tonnes de chevaux sous le capot : la Stingray. A peine sortis du garage avec leur bijou, les deux amis sont poursuivis par une bande de gangsters, menée par femme déguisée en religieuse, qui sait mieux se servir d’un fusil que d’une Bible.Stingray La Stingray cache, en fait, une énorme fortune en drogue et en dollars, volée à la Mafia. Nos deux héros sont plongés dans une sombre histoire policière, ponctuée de folles poursuites où les qualités de fonceuse de la Stingray ne demandent qu’à s’exprimer. Démarrant sur les chapeaux de roues, ce film donne essentiellement la vedette au seul modèle made in USA de voiture sportive, coqueluche de tous les playboys américains. Elle roule au mieux les mécaniques et elle a les courbes aussi appétissantes que celles de la religieuse – gangster qui s’éclate à la mitraillette. Tout le reste n’est que poursuite à la Starsky et Hutch, truffée de rebondissements, de coups de feu et d’indispensables haltes aux pompes des stations services. Un vrai téléfilm à l’américaine pour les dimanches après-midi.

Solo

SoloArrivant après les événements de 1968, «Solo» fut un film aussi courageux que passionnant. Jean-Pierre Mocky y raconte les efforts d’un grand frère pour sauver son cadet devenu terroriste par idéalisme et leur fuite devant la police. Ca, c’est l’aspect aventures du film, sa trame de base ! Mais Mocky vise beaucoup plus haut. Il se livre à un constat à la fois tendre et vitriol. La tendresse, il la réserve pour ce groupuscule de jeunes anarco-idéalistes qui croient pouvoir éliminer la corruption de la société et qui aspirent à un monde basé sur l’égalité et la fraternité. Le vitriol, il l’envoie vers un establishment de puissants et de repus qui ne parviennent même plus à noyer leur ennui dans des orgies minables. Jean-Pierre Mocky, comme dans ses autres films politiques de l’époque («L’albatros» ou «L’ombre d’une chance»), se donne un personnage que l’on a souvent défini comme «anarchiste de droite». Mocky-le grand frère s’est installé dans la société en la piratant, en en profitant… Voleur, il s’intéresse à l’argent et au confort. Mais pour les obtenir, les moyens lui importent peu. Il y a du franc-tireur dans l’air ! Il est sur ses rails, installé dans une confortable routine de parasite d’une société de consommation. Avec un tel pouvoir d’adaptation aux circonstances et aux contraintes, un tel brio pour les contourner à son avantage, Mocky-le grand frère aurait pu survivre longtemps. Mais des jeunes mecs trop idéalistes et refusant de jouer le jeu lui rappellent ce qu’il a été ou ce qu’il n’a jamais eu le courage d’être… Dans un style habituel à Mocky (traits soulignés quelquefois jusqu’à la caricature), «Solo» est un thriller de réflexion intelligent !

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10/14

Rue barbare

8:29 par Thierry. Filed under: Infos générales

«Rue barbare» est adapté du roman de David Goodis, «Epaves». Et, comme précédemment dans «La lune dans le caniveau» de Jean-Jacques Beineix, on sent tout ce que Goodis apporte à une « cinégraphie ». Il y a l’univers nocturne de Goodis, la symbolique des personnages de Goodis, le goût de Goodis pour la tragédie qui se déroule au fond d’un monde en impasse… Gilles Béhat a réussi son film parce qu’il a tenu compte de tous les éléments. Son polar, loin de faire dans le naturalisme, joue la carte du mythe. Sur cette «Rue barbare», il y a deux côtés. Et Chet, tant qu’il se mêlait de ses affaires, était du bon. Mais, un soir, pour avoir porté secours à une jeune Asiatique violée dans un terrain vague, il traverse la rue, passe de l’autre côté du miroir, descend vers l’enfer ! Chet essayait d’oublier, avec sa jeune épouse, un lourd passé. Mais, soudain, ce passé le rattrape et il doit faire face. Le passé est incarné par Hagen, le chef de bande, le maître du lieu. Chet et Hagen se connaissent et même s’aiment quelque part, comme deux lutteurs impénitents, comme deux frères ennemis implacables. Avec ce rapport de force, on est au cœur de tout un cinéma d’action qui cerne les mythes essentiels, western ou film samouraï.Rue barbare Et tout, dans «Rue barbare», concourt à cette impression : la couleur très «colorée», la photo très structurée, les combats très chorégraphiés et les relations entre personnages très dramatisées. «Rue Barbare», c’est aussi la révélation d’un Bernard Giraudeau qui n’a plus rien à voir avec les jeunes premiers qui ont raté leur bac. Film après film, Giraudeau est devenu un des grands comédiens français. «Rue barbare», nous le présente plus mûr, plus physique et plus rayonnant que jamais.